« Merci Jean-No »
23th Cyprus Open / 1er Cost Amalfi.
Pour clôturer mon année, je pars sur deux destinations que j’apprécie particulièrement : Chypre et l’Italie. Arrivé à Nicosie (25°) pour le 23th Cyprus Open, forte affluence internationale : une jauge à plus de 350 joueurs dont 2 Français. Je suis accompagné de mon ami, l’excellent et grand compétiteur Vincent De Nardi. Le tirage au sort ne m’attribue que des joueurs turcs. Au 1er jour, avec mes 3 victoires et 2 défaites, je suis exclu de la consolation (qui n’est pas progressive)… sniff… sniff. Obligé de gagner toutes les rondes suivantes, un DMP malheureux, et boum, je tombe à la 6e ronde (114/269).
Aligné en Last Chance, qui se joue en mode "Speed" : 5 pts, 2 min/10 s, un format que j’adore et qui représente 40 % de mes succès depuis 2012. Confiant, j’attaque le 4e tour. Et là, enfer et damnation : je me prends la tête avec un spectateur au téléphone, parlant avec une forte intonation. Je lui demande de s’éloigner, il refuse, coup de gueule de ma part, il s’exécute. Problème : cette altercation a eu lieu sur mon temps de jeu (grosse erreur de ma part). Le temps de m’en apercevoir, il me restait 2 secondes, et sur une phase de jeu compliquée… dring… dring. Fin de l’histoire : le vieux routier que je suis est tombé à la pendule pour la 1ère fois depuis 17 ans.
Honte à moi. Je termine ce tournoi avec 9 victoires pour 5 défaites. Allez, on oublie.
Dimanche 02/11, je quitte Chypre en abandonnant Vincent, qui reste pour participer au Pascha et Merit. En route pour l’Italie. Après un transfert houleux à Athènes, où l’on doit subir 2 contrôles bagages, je perds mon boarding pass pour Naples. Obligé de passer par le comptoir AEGAN et là, horreur : devant moi, 200 personnes. Avec timing serré, je passe outre toutes les règles de la bienséance. Après obtention du précieux document, j’ignore toutes les files d’attente — passeport, sécurité, contrôle bagages — et c’est sous une huée collective, insultes comprises, que j’arrive à l’entrée de l’avion 2 minutes avant fermeture… ouf.
À l’issue de 10 heures de voyage — avion, bus, train, taxi — me voilà enfin dans la douceur de la côte amalfitaine. Après 3 jours de farniente, visites touristiques et dégustation éhontée de fritto misto, spaghetti alle vongole, thon, anchois, le tout arrosé de vino bianco, je suis fin prêt pour l’ultime épreuve de la saison 2025.
Mauvais départ : mon lieu de résidence est situé à 5 km du tournoi, et le 1er jour étant réservé aux events (Speed, DMP, Open CNB), je suis contraint de faire l’impasse. Motif : l’unique route côtière pour accéder à l’hôtel est entièrement coupée par des travaux suite à des éboulements. Je tente un accès pédestre, vite refoulé par une escouade de carabiniers. Le point positif : déjà 150 € économisés.
Endroit du tournoi : Hôtel CETUS, implanté dans une falaise, salle de jeu avec une vue éblouissante sur l’immensité de la mer. Tout bonnement un lieu exceptionnel.
Le tournoi principal, catégorie Champion : après un parcours assez chaotique, je me retrouve le samedi soir à 23h00 en 1/4 de finale de la consolation.
Dimanche 09/11, à mon réveil, toutes mes pensées vont à mon cher ami Jean-Noël Duval, qui nous a quittés il y a 6 ans, jour pour jour. Que de souvenirs merveilleux avec Jean-No : cohabitation en tournoi international pendant 8 ans (notamment mes 60 ans à l’Open de Las Vegas au Flamingo), et moments magiques hors tournoi, étant voisins. Je dois reconnaître que j’ai eu beaucoup de mal à évacuer sa disparition. Donc, en ce jour anniversaire de son grand départ, tout mon esprit lui est consacré.
Dans la communauté internationale, j’ai appris que certains joueurs (au vu de mes résultats en Last Chance ou consolation) m’avaient attribué le surnom : « Man Last Day ». C’est donc, serein et confiant, que je me présente sur le board devant Daniel Tudose pour mon quart. Match très tendu, mais bon… je lui roule dessus, sans vergogne, mais en toute amitié. Victoire.
Arrive Marco Tamigi, qui m’avait sorti la veille en quart de la deuxième chance ; il est souriant. Et c’est à partir de ce moment-là qu’il se passe « quelque chose ». Je suis « à la rue », sauf un 5/4 magique qui me remet en selle pour entrevoir une possible victoire. Conscient que ces 2/36 représentent une infime chance, je suis détendu au moment du lancer… et là, le 5/4 s’installe sur le board. Victoire, serrage de main, en route pour la finale.
Devant moi, le Néerlandais Paulus Vanrooijen, titulaire en équipe nationale pour le Championnat du monde des nations, meilleur que moi sur le papier. La preuve : il accroche le Crawford à 4/6, et sur le board est favori à 95 % pour gagner le match. Un pion en barre pour moi, seul son point As ouvert, avec un homme en prise. Et là, la configuration de la partie est que, si je roule un 1/1 venu d’un autre monde, je lui mets 3 pions en barre avec 4 portes fermées chez moi. Toute l’assistance a compris l’enjeu de ce jet : sinon, bye-bye le Français. Je n’ai rien senti : mon bras est parti tout seul pour le lancer… 1/1… « Dis-moi Jean-No », c’est moi qui joue.
Et voilà : victoire dans la consolation. J’apporte une nouvelle pierre au mur du « Man Last Day ».
Merci à l’équipe du C.N.B., Alfonso, Cesari, Federico, pour ce bel événement dans un endroit magique.
Pensez ce que vous voulez à la lecture de cette conclusion ; pour ma part, tous mes chaleureux remerciements vont à Jean-No… merci à tout jamais, mon cher ami.
« Je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu avec TOI. »